Homélie de S.E. Mgr. Claudio Gatti du 18 novembre 2007
1ère Lecture: Malachie 4:1-2; Psaume 97; 2ème Lecture: 2 Thessaloniciens 3:7-12; Evangile selon St. Luc 21:5-19
Je vous invite aujourd'hui à suivre avec beaucoup d'attention le commentaire que je vais faire sur le passage de l'Evangile selon St. Luc. Mais avant de pénétrer dans cet enchaînement merveilleux de réflexions qui a le Christ pour objet, je vous incite un instant à réfléchir sur la lecture extraite du livre de Malachie.
Car voici, le jour vient, ardent comme une fournaise. Tous les hautains et tous les méchants seront comme du chaume; Le jour qui vient les embrasera, dit l'Éternel des armées, Il ne leur laissera ni racine ni rameau. Mais pour vous qui craignez mon nom, se lèvera Le soleil de justice. (Malachie 4:1-2)
Le jour du Seigneur dont il est question dans ce passage, est le jour où le Seigneur se manifestera pour les bons d'une certaine manière, et d'une autre pour les hautains et tous ceux qui commettent des injustices, tout cela arrivera au même moment. La parole de Dieu ne dit pas que l'heure dont on parle est imminente, mais seulement qu'elle arrivera avec certitude; que ceux qui ont des oreilles pour entendre, entendent.
Venons en maintenant à l'Evangile.
Comme quelques-uns parlaient des belles pierres et des offrandes qui faisaient l'ornement du temple, Jésus dit: "Les jours viendront où, de ce que vous voyez, il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée; ils lui demandèrent: Maître, quand donc cela arrivera-t-il et à quel signe connaîtra-t-on que ces choses vont arriver? Jésus répondit: "Prenez garde que vous ne soyez séduits. Car plusieurs viendront en mon nom disant, 'C'est moi et le temps approche.' Ne les suivez pas. Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne soyez pas effrayés, car il faut que ces choses arrivent premièrement. Mais ce ne sera pas encore la fin". Alors il leur dit: "Une nation s'élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume. Il y aura de grands tremblements de terre, et, en divers lieux, des pestes et des famines; il y aura des phénomènes terribles, et de grands signes dans le ciel". Mais avant tout cela, on mettra la main sur vous, et l'on vous persécutera, on vous livrera aux synagogues, on vous jettera en prison, on vus mènera devant des rois et devant des gouvernements à cause de mon nom. Cela vous arrivera pour que vous serviez de témoignage. Mettez-vous donc dans l'esprit de ne pas préméditer votre défense; car je vous donnerai une bouche et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront résister ou contredire. Vous serez livrés même par vos parents, par vos frères, par vos proches et par vos amis, et ils feront mourir plusieurs d'entre vous. Vous serez haïs de tous, à cause de mon nom. Mais il ne se perdra pas un cheveu de votre tête¸ par votre persévérance vous sauverez vos âmes. (Luc 21:5-19)
Pour bien comprendre, on doit se référer aux deux mystères principaux de notre foi, la Trinité de Dieu et le mystère de l'Incarnation, la mort et la résurrection de notre Seigneur Jésus Christ. Réfléchissons sur le second mystère et la formule prononcée pendant la Messe au moment de l'élévation du calice, qui est: "Jésus Christ, je crois que Tu es vrai Dieu et vrai Homme présent dans la Sainte Eucharistie"; arrêtons-nous un instant pour contempler l'Humanité et la Divinité du Christ. Le Christ a une double nature, l'une humaine et l'autre divine, c'est pourquoi nous disons qu'Il est vrai Dieu et vrai Homme. Le Christ est Omniprésent, Omniscient et Omnipotent, Il possède tous les attributs divins de la même manière et avec la même intensité que le Père et le Saint Esprit. En tant qu'homme, le Christ est doué d'intelligence, de volonté, de sentiments et d'affectivité, de cette sensibilité qu'Il a montré posséder et que nous retrouvons dans l'Evangile, quand par exemple, Il s'émeut à la vue du cortége funèbre portant en terre le fils unique d'une veuve et le ressuscite; comme Il pleure devant le tombeau de Lazare, bien que sachant qu'Il le ressuscitera; quand Il est ému en embrassant les petits enfants. Dans notre Chemin de Croix, nous soulignons que le Christ s'émeut en voyant la Croix et l'embrasse avec affection parce qu'Il sait qu'elle est la route pour faire arriver tous ses frères au Paradis. Le Christ est vrai Dieu et vrai Homme et les hérétiques se sont acharnés sur ce mystère de notre foi depuis les premiers siècles de l'Eglise; certains, les soi-disant docétistes (du grec dokein, paraître) niaient son humanité, affirmant qu'elle n'était qu'apparente et non réelle; d'autres ont nié Sa divinité. Nous réaffirmons ce que l'Eglise nous a enseigné, à savoir, qu'humanité et divinité sont toutes deux présentes dans le Christ, c'est pourquoi nous disons qu'Il est vrai Dieu et vrai Homme. Il se peut que vous entendiez aujourd'hui ces choses pour la première fois, mais elles sont très belles et très significatives. Le Christ est vrai Dieu et vrai Homme, Il jouit donc d'une volonté divine et d'une volonté humaine; ces deux volontés ont le même objectif, vont dans la même direction et étant coexistantes, la volonté divine se manifestait d'une façon divine et celle humaine d'une façon humaine. Le Christ étant vrai Homme, Il partageait donc tout ce qui fait partie de l'humanité. Il se sentait entièrement juif, Il respectait les traditions, Il était lié à l'histoire juive et aimait son peuple. En plaisantant, nous pourrions dire que si la coupe du monde de football avait alors existé, Jésus aurait été un supporter de son équipe nationale. Si je vous ai donné cet exemple, qui paraît absurde et irrévérencieux, c'est pour vous faire comprendre l'amour et l'attachement que Jésus avait envers son peuple. Il a dit en effet à la femme cananéenne: "Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël" (Matthieu 15:24). Cette expression souligne l'affection qu'Il portait à son peuple, de sorte que lorsque nous lisons la page de l'Evangile de Saint Luc qui raconte cet épisode, présent également chez Matthieu et Marc, nous devons placer le Christ dans cette réalité. Nous essayons aujourd'hui, pour la première fois, de lever un peu le voile du silence et de la discrétion sur ce que le Christ a ressenti et vécu en prononçant ces paroles. Essayez d'imaginer cette scène: Jésus et les Apôtres descendent du temple, franchissent le Cédron, gravissent la colline du Gethsémani, arrivent au sommet où la vue est magnifique, et se trouvent immédiatement devant ce temple imposant. C'est comme lorsque nous sommes au sommet du Gianicolo et voyons ce panorama magnifique ou lorsque nous découvrons St. Pierre d'une belle terrasse et que nous nous enthousiasmons devant un tel spectacle: les colonnes du Bernin, la coupole de Michel Ange, la plus grande basilique de toute la chrétienté, l'histoire de la basilique Saint Pierre connue comme étant la dernière de toute une série de basiliques l'ayant précédée. Notre enthousiasme d'être humain est le même que celui éprouvé par le Christ. Il s'est réjoui en voyant ce panorama magnifique, en contemplant la majesté et la beauté du temple, mais a souffert en même temps, parce qu'étant Dieu Il savait que le temple serait détruit, et en ressentant cette douleur Il l'a transmise à ses apôtres. Je crois qu'il n'a jamais été mis en évidence que Jésus avait alors énormément souffert. Pensez à ce que vous éprouveriez si vous saviez que Saint Pierre, symbole de la Chrétienté, serait détruite dans quarante ans par des musulmans ou des chinois; vous souffririez sûrement et le Christ a alors souffert, sa souffrance est bien plus grande que la nôtre, puisque Son amour est infiniment plus grand. Vous savez que la souffrance est proportionnée à l'amour que nous éprouvons, plus nous aimons quelqu'un, plus nous souffrons quand il nous quitte. Ce n'est pas la même chose d'exprimer ses condoléances à un membre de sa famille que de le faire pour une de nos connaissances; si l'amour est présent, la souffrance est toujours plus grande, imaginez donc ce que le Christ a pu alors ressentir. Nous savons par ailleurs, même si l'on n'en parle pas dans l'Evangile, que la Madone était toujours, réellement ou en bilocation, auprès de son fils et a donc également souffert en apprenant que ce temple serait détruit. Elle y avait vécu après la mort de ses parents jusqu'à son départ pour devenir l'épouse de Joseph. Elle y a prié et appris l'art de la couture et de la broderie sous la directive de la prophétesse Anne; c'est là aussi qu'elle s'était si souvent entretenue avec Dieu le Père, Dieu le Fils qui deviendrait son Fils, l'Esprit Saint, le Dieu Trinitaire. Dans ce temple, elle avait lu les Saintes Ecritures et en particulier les passages de l'Ancien Testament où Isaïe et les prophètes parlaient de son Fils, puisque dès le premier instant de sa conception, elle a su qu'elle deviendrait La Mère de Dieu. Ne nous arrêtons pas aux lieux communs habituels, mais essayons au contraire de les approfondir et souvenons-nous que pour autant que nous voulons les analyser, nous n'épuiserons jamais la richesse de la Parole de Dieu. Voilà donc Jésus parlant du temple avec douleur et tristesse, et la souffrance des apôtres, juifs authentiques, vient s'ajouter à la sienne. La signification de ce passage fait encore l'objet de discussion entre les exégètes; certains disent qu'on s'y réfère à la fin du monde, d'autres qu'on y parle de la fin de Jérusalem et d'autres encore dans le milieu croient que la fin de Jérusalem dont on y parle est le symbole, l'image de la fin du monde. En suite à mon préambule, je pense que ce passage ne se réfère qu'à la fin de Jérusalem, et je partage le point de vue de ces exégètes qui disent que cela doit s'entendre comme la fin du monde juif. Avec la destruction vient la dispersion, la fin des sacrifices, la fin d'un monde, mais également la naissance d'un autre qui commence dans le labeur; et voilà que l'image des douleurs de l'enfantement s'éclaircit. La femme souffre dans les douleurs de l'enfantement, et le christianisme a vu le jour dans les douleurs du Rédempteur, de la Co-rédemptrice et de la participation aux souffrances du Messie de la part de ses enfants. Le Christ a clairement parlé de persécutions, d'emprisonnements et expliqué que la cause en est "Mon Nom". Ceci signifie que l'adhésion des hommes à Sa doctrine inclura pour eux une terrible persécution.
Je vous ai expliqué que la vraie signification du troisième secret de Fatima qui a été révélée n'est pas celle fournie par les autorités ecclésiastiques, mais une autre, et que c'est Dieu le Père Lui-même qui m'a révélé ainsi qu'à Marisa sa signification véritable. Ceux dont on y parle, qui tirent avec des flèches et des armes à feu ne symbolisent pas les régimes athéistes du vingtième siècle persécutant l'Eglise, mais une réalité bien plus terrible: à savoir les ecclésiastiques, qui, abusant de leur pouvoir, persécutent les prophètes de Dieu, que ce soit de simples laïcs, fidèles, prêtres ou évêques. Puis quand Jésus parle d'emprisonnement et de souffrances, étant Lui-même aussi Dieu et ayant en Lui toute la réalité, cela se réfère aussi à la persécution au sein de l'Eglise des frères vis-à-vis des frères. Je ne parle pas seulement de nous, mais également de ceux qui avant nous ont été injustement condamnés, incarcérés, ainsi que de ces âmes qui appelées par Dieu furent livrées au bras séculier qui les condamnât à mort. Revenant au troisième secret de Fatima, Jésus a vu également notre situation, notre persécution; là aussi c'est Dieu qui a révélé qui est l'Evêque vêtu de blanc, frappé non de mort physique, mais de celle morale qui est bien plus grande que celle physique. Jésus a fait connaître le futur de l'Eglise, un futur qui, par la faute des hommes, est devenu toujours plus amer, alors qu'il pourrait être beau et lumineux, avec une proclamation pleine et totale de l'amour. Malheureusement, beaucoup de chrétiens ont été contraints de se traîner sur la voie du Calvaire pour en atteindre le sommet où ils ont été définitivement cloués, condamnés et exécutés. Quand Dieu le décidera, ce que Malachie a prédit plusieurs siècles avant le Christianisme se réalisera: quand Dieu interviendra, Il détruira les méchants, ceux qui ont commis des injustices, comme le feu brûle le chaume. En écrivant cela, Malachie se référait uniquement à la situation de son époque, mais dans l'esprit de Dieu, Sa parole traverse les siècles et arrive finalement jusqu'à nous; en tant que parole divine, elle est encore valable et actuelle et nous pouvons justement l'appliquer aussi à notre situation.
Après nous avoir donné des caresses énergiques, fait des reproches justifiés, la Madone nous a dit aujourd'hui quelque chose de très beau: à la différence des autres, bien qu'avec des limites s'exprimant parfois aux heures de discussion, nous aimons Dieu et Il nous aime. Sans présomption et tant que nous resterons humbles, nous ferons partie des justes; quand l'heure de l'intervention de Dieu viendra et je ne parle pas du jugement universel, mais je me réfère à ce qui s'est déjà vérifié à plusieurs reprises dans l'histoire, comme la destruction de Jérusalem, alors le soleil de justice surgira, le soleil de l'Eucharistie. Je vois une relation étroite avec l'Eucharistie et le triomphe de l'Eucharistie. Dieu est présent en toutes choses, à tout moment de l'histoire, la nôtre comprise, et le soleil de justice qui surgira n'est rien d'autre que le triomphe de l'Eucharistie dont nous avons été les modestes instruments, les participants et les témoins. J'aimerais en ce moment rallumer l'espoir, la foi, le désir de perfection et de sainteté, parce que ce n'est qu'ainsi que nous pourrons dire avec Paul: "et ce qui manque aux souffrances de Christ, je l'achève en ma chair " (Colossiens 1:24). L'unité du Corps Mystique se réalise quand la souffrance de la tête devient la souffrance des membres, celle d'un simple membre la souffrance de tous les autres et la souffrance d'un fils la souffrance de la tête qui est le Christ. Je vous confie ces pensées, méditez-les et remerciez Dieu, car aujourd'hui l'infini s'est ouvert un peu plus devant vous. Loué soit Jésus Christ.